" Au commencement Dieu "
(Genèse 1:1)
Au commencement de la Bible se trouve le Livre de la Genèse. Le traducteur précise en page 25 que la Bible hébraïque n'a pas donné de nom à ce Livre et le désigne par " Beréchîth " qui signifie " Au commencement ". Le Livre de la Genèse commence en effet par ces mots.
Dans le mot " Beréchîth " qui s'orthographie encore " Berechit ", nous pouvons voir et entendre le mot sanskrit " Chit " entrevu précédemment et qui signifie Conscience, Connaissance. Nous pouvons déjà comprendre la Connaissance ou la Conscience libérée (d'une vision limitée à la perception des apparences extérieures, d'une vision assujettie à la perception de l'espace et du temps).
Beréchîth …
" Au commencement, est-il dit, il y avait l'éternel, l'Infini, l'Un. Au milieu, est-il dit, il y a le fini, le transitoire, le Multiple. A la fin est-il dit, il y aura l'Un, l'Infini, l'éternel.
Mais quand fut le commencement ? A nul instant dans le Temps, car le commencement est à tous les instants ; le commencement fut toujours, est et toujours sera. Le divin commencement est à jamais avant le Temps, dans le Temps et au-delà du Temps. L'Infini, l'éternel, l'Un est un commencement sans fin.
Et où est le milieu ? Il n'y a pas de milieu, car il n'y a que la jonction de la fin perpétuelle et de l'éternel commencement ; tel est le signe d'une création qui à tout instant est nouvelle. La création fut à jamais, est à jamais et à jamais sera. L'éternel, l'Infini, l'Un est le moyen terme magique de Sa propre existence ; c'est Lui qui est la création sans commencement et sans fin.
Et quand sera la fin ? Il n'y a pas de fin. A chaque instant concevable il ne peut y avoir cessation. Car la fin de toutes choses est le commencement de choses nouvelles qui sont encore le même Un sous un aspect qui toujours se développe et toujours se répète. Rien ne peut être détruit, car tout est Lui, et Il est à jamais. L'éternel, l'Infini, l'Un est l'inimaginable fin qui jamais ne Se referme sur de nouvelles et interminables visions de Sa gloire. " (Shrî Aurobindo R)
" Au commencement Dieu "
" Au commencement Dieu ", à chaque instant concevable Dieu,
et " Dieu créa " , c'est-à-dire manifeste Sa " réalité ".
Le mot ne peut pas être mieux choisi par Celui qui nous échappe et à qui rien n'échappe.
Et Il manifeste Sa réalité et Se fait connaitre avec Sa Création.
" Au commencement Dieu " manifeste Sa " réalité " et rien d'autre.
" Au commencement Dieu " fait connaître Son Nom et rien d'autre.
A ce sujet, il est bon de savoir que l'élément grec " di " que nous pouvons observer dans le nom de Dieu signifie " deux "
et que le mot " deus " signifie " Dieu " en latin et " Deux " en vieux français (N).
Souvenons-nous aussi de ce que nous avons entrevu avec l'étude du premier verset de l'évangile selon saint Jean :
" Au commencement " est la Vision de l’UNITÉ, et l’Unité est la Vision de Ce qui est uni et qui ne forme qu’" Un ".
" Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. "
(Genèse 1:1)
Dès le commencement et à jamais, Dieu manifeste Sa réalité comme une Unité, comme un Tout, et même comme un Tout parfaitement organisé et qui dépasse de très loin toutes les facultés de notre intelligence.
" Au commencement ", " le ciel et la terre " manifestent la Réalité de Dieu, précisent Son Nom.
" Au commencement Dieu " nous fait connaître Son Nom et Dieu Se manifeste tout simplement comme une Unité, comme un Tout, comme " le ciel et la terre N " , comme Ce qui est uni et qui ne forme qu’" Un ".
" Au commencement Dieu créa ", " Au commencement Dieu " manifeste Sa réalité.
" Au commencement Dieu créa ", " Au commencement Dieu " manifeste Sa réalité et Il La manifeste toujours comme une Unité et au travers d'une Unité qui, ici, est parfaitement exprimée dans ces mots " le ciel et la terre ", dans ces mots qui sont riches de sens, dans ces mots qui expriment tant de choses. Si, à présent, nous les considérons simplement, nous nous rendons compte qu'il n'existe finalement rien en dehors de ces deux éléments que sont " le ciel et la terre " comme il n'existe finalement rien en dehors de Dieu.
" Au commencement Dieu " manifeste Sa réalité comme tout ce qui existe, comme tout ce qui est manifesté, y compris les pensées de ceux qui n'ont pas de bonnes bases et qui s'affirment dans leur ignorance en disant : " Dieu je ne le voit pas, par conséquent, il n'existe pas. " N'est-Il pas assez grand ?
C'est pour résoudre ce problème de perception que Jésus guérit ceux qui se sont laissés aveugler et ne peuvent voir Dieu car voir Dieu signifie jouir de Sa Vision, la Sienne, " et Il sait tout ". C'est pour qu'ils puissent jouir de la Vision de Celui qui sait tout que Jésus, qui donne la Connaissance suprême, guérit éternellement ceux qui ont suffisamment d'humilité pour reconnaître qu'ils se sont laissés aveugler par des définitions qui ne correspondaient pas à la Réalité de Dieu et qui, conscients de leur état, ne peuvent vraiment pas s'y complaire.
Ces mots " le ciel et la terre " qui sont réunis par une conjonction, représentent donc la Révélation du premier verset du Livre de la Genèse, la Révélation de l'Unité, de l'Unité de Dieu qui se réalise toujours (en soi) par l'Union, par l'Union de la Vie manifestée et de l'Éternité (N).
Dans son poème " Rose de Dieu " se trouve un vers où Shrî Aurobindo exprime le sens de cette Union :
Comprenons, " Ô, Toi qui Te fais connaître aussi bien au travers de Ton Nom que de Ta Parole, rends la Conscience de l'Immortalité aux " enfants du Temps ", ne les laisse pas dans l'ignorance de ce qu'ils sont, mais permets-leur de jouir de Ta Réalité. "
Par l'Union du " ciel " et de la " terre ", de la Vie et de l'Éternité, ils entrent dans la jouissance de " la vie éternelle " qui est la Vision même de Dieu, et c'est Cela qu'apporte le Nom de Dieu à ceux qui accepteront le terrible sacrifice qui consiste à Le considérer avec respect et intelligence.
" Au commencement Dieu créa
le ciel et la terre. "
" Dans le marché et dans le cloître - je n'ai vu que Dieu Seul.
Dans la vallée et dans la montagne - je n'ai vu que Dieu Seul.
C'est Lui que je vis souvent près de moi dans les tribulations ;
dans la prospérité et la fortune - je n'ai vu que Dieu Seul.
Dans la prière et dans le jeûne, dans la louange et la contemplation,
dans la religion du Prophète - je n'ai vu que Dieu Seul.
Ni l'âme ni le corps, ni l'accident ou la substance, ni les qualités ni les causes - je n'ai vu que Dieu Seul.
J'ai ouvert les yeux et par la lumière de Sa face autour de moi dans tout ce que j'aperçus - je n'ai vu que Dieu Seul. "
Ainsi, " Avec mon propre regard, je me vis moi-même très clairement,
mais quand je vis avec le regard de Dieu - je n'ai vu que Dieu Seul. "
Alors, " Je m'évanouis dans le néant, je disparus,
et voici que j'étais le Vivant - je n'ai vu que Dieu Seul. "
-
Le Nom de Dieu vient du " Latin deus, deu, dieu " (dict.)
Le mot " deux " vient du " Latin duo, duos ; dous, deus "(dict)
Dans de nombreux mots de notre langue tels diatomique, diptyque, dipôle, etc. il est également question de deux éléments. Ainsi par exemple, une diaule désigne une " Flûte double. - Du grec di[s], « deux », et aulos « flûte » ". (dict.)
Que cette Unité, cette Unité de Dieu qu'Il déploie " ici et maintenant ", est remarquable !
-
Ces mots " ciel " et " terre " sont réunis par la conjonction " et " qui sert à lier, à unir, de façon à former une Unité, un Tout.
-
Et par-là même de Ce qui " est " à Dieu car si nous ne nous efforçons pas de relier par exemple, chaque mot à Dieu, comment pouvons-nous saisir Sa Réalité ? C'est quelque chose d'important à considérer.
-
Extrait de " Six poèmes de Shrî Aurobindo traduits et commentés par Mâ Sûryânanda Lakshmî " P101
.